Entre fascination
et répulsion

Vous vous apprêtez à vous immiscer dans les interstices, qui arrêtent le temps et échappent à l'ordre urbain dominant, et que nous nommons « friches ». Elles offrent de la place à la végétation et aux activités spontanées mais sont parfois perçues comme un foncier disponible pour la croissance des villes. À la fois fascinantes et repoussantes, les friches sont dans tous les cas marginales du fait du paradoxe qu'elles incarnent, entre vestige du passé et évolution perpétuelle. Ces espaces ont le pouvoir de répondre aussi bien à la préservation de la nature que de lutter contre l'étalement urbain et pour ça, elles concentrent l'attention. Mais pour les comprendre, il faut pouvoir les représenter.

Etats de transition

Les friches sont par essence sujettes aux changements. C'est la transition, de l'usage à l'abandon et de l'abandon à l'usage, qui rythme leur existence. Ces allées venues inscrivent la friche dans un état cyclique, dont nous avons identifié quatre étapes. C'est par l'exploration de quatre états de transition, quatre idéaux-types composés à partir de nos investigations, que nous vous proposons de comprendre la complexité de ces espaces.

En attente
En projet
En
reconversion
Reconvertie
wheel

Friche en attente

Suivez-nous. dans une friche au bâti remarquable, à la biodiversité verdoyante, à l’ambiance pesante, sans aucune ébauche d’avenir programmé. Abandonnées, sauvages, interdites, ces friches invitent à fantasmer un monde industriel passé, un temps figé. Une station essence, une scierie, un terrain pollué…

Friche en projet

Vous vous apprêtez à visiter une friche en projet de reconversion. Elle est de celles dont le statut est particulier, celles qu’on n’ose nommer friches car elles sont sur le point de se transformer mais qui, pourtant, en ont toutes les qualités. Il s’agit ici d’un hôpital caché au milieu des bois, où la nature a conquis l’espace, remplaçant alors les patients.

Friche en reconversion

Découvrez un lieu où se mêlent déjà traces d'abandon et indices de chantiers, où s'amorce la requalification. Idéalement situé, il abritait une imprimerie et désormais étonne et divise.

Friche reconvertie

Visitez enfin une de ces friches qui n'en sont plus. Reconverties, ont-elles effacé leur patrimoine industriel ou agricole ? Laissent-elles encore imaginer des alternatives aux projets réalisés ?

Un objet mouvant

Les friches que vous avez visitées ne sont pas entièrement réelles : imaginaires et chimériques, elles incarnent des idéaux-types servant la représentation de ces espaces si particuliers. Par la simple pousse de la végétation, la friche est toujours en transition, elle entre dans cette cyclicité perpétuelle qui lui est propre, et ouvre le champ des possibles. Elle permet de fantasmer voire de réaliser les nouvelles utopies urbaines, allant à l'encontre du système actuel qui n'est plus durable. Les friches resteront toujours des espaces ambiguës, du fait des opportunités qu'elles représentent.

Collectif d'étudiant.es de l'Ecole d'Urbanisme de Paris, nous avons été missionné.es par l'Institut Paris Région pour contribuer à la création d'un observatoire des Friches en Ile de France. Il s'agissait d'éclairer, par des investigations de terrain, les enjeux liés à la définition, la caractérisation, et l'éventuelle mise en projet des friches. Les imaginaires contrastés autour de ces espaces en font des lieux qui posent des questions cruciales de représentation. Dans un contexte de Zéro Artificialisation Nette (ZAN), les friches pourraient aussi bien être considérées comme des réserves foncières à transformer que des refuges pour la biodiversité à préserver.

Nous avons donc étudié de nombreux sites de la ville des Mureaux afin d'ériger une méthode d'observation, de compréhension, et de représentation des friches. Le flou du cadre juridique et le manque d'une véritable définition rend leur approche difficile. Nous nous sommes donc efforcés d'étudier des friches aux caractéristiques contrastées pour en saisir toutes les dimensions. Par ce site web, nous souhaitons alors rendre compte de la manière dont nous sommes parvenus à analyser et à représenter les friches que nous définissons comme des espaces aux degrés d'artificialisation variés, ayant perdu leur usage officiel pérenne. Ces espaces peuvent être abandonnés ou investis, de manière temporaire et/ou clandestine.

Nous avons repensé les friches comme des espace mouvants. Que ce soit par la biodiversité qui gagne du terrain ou par des activités irrégulières et la dégradation du bâti, les friches évoluent constamment, au point de devenir difficiles à saisir. Ce mouvement perpétuel participe à l’ambiguïté si unique des friches, ce flou fait des friches des interstices, refuge pour l'imagination. À la fois repoussantes et fascinantes, elles dérangent mais sont au centre de l'attention avec la crise écologique. Elles suscitent des opinions très contrastées et des points de vues démultipliés, ce qui rend particulièrement complexes les prises de décision par les aménageurs, les élus, les propriétaires et les habitants. Dans ce cas, que faire de ces friches? La reconversion de ces espaces est-elle synonyme de revitalisation et de dynamisme? Où, à l'inverse, une friche préservée dans un état dégradé peut-elle se libérer de l’image d’une zone abandonnée et peu attractive? En fait, la façon de se projeter sur les friches dépend du regard qu’on porte sur elles. Leur ambivalence, leur instabilité, autrement dit leur « mouvance » complique la tache de qui veut construire leur image. Ainsi, entre appropriation et biodiversité, comment la représentation des friches peut-elle aider leur appréhension?

Nous vous proposons de comprendre cet univers par les supports audio-visuels que nous avons produits, et de vous laisser embarquer dans les différentes visites.

A partir de la singularité de chaque friche, nous avons observé et analysé les caractéristiques et éléments qui les distinguaient et les associaient. Ce travail a révélé différents stades d’avancement de projet et de réhabilitation projetés sur ces terrains et nous avons inscrit l’évolution de la friche au sein de quatre phases temporelles successives. La première, l’apparition de la friche, est un phénomène à relier à un contexte économique, social et urbain, qui transforme un terrain donné en un lieu « sans projet de reconversion ». S’en suit un temps de veille, phase privilégiée pour l’intervention d’acteurs issus de la municipalité ou de la société civile, qui viendront imaginer le devenir du terrain, c’est la friche « en vue de reconversion ». La concrétisation spatiale de ce projet par la mise en œuvre, par les acteurs, d’une stratégie de requalification conduit la friche à devenir un espace « en reconversion ». Enfin, la « friche reconvertie » est celle accueillant une nouvelle activité pérenne.

Ce processus de mutabilité peut se reproduire, situant la friche au cœur d’un cycle. C’est donc cette thèse selon laquelle la friche s’inscrit dans un cycle, pouvant se répéter, allant de l’abandon à la réhabilitation, qui a dirigé toute notre réflexion.

Qui sommes-nous ?

Nous sommes des étudiant.es en Urbanisme et Aménagement du Territoire de l’École d'Urbanisme de Paris et dans le cadre de nos études, il nous a été demandé de travailler sur les friches en Île-de-France. Les travaux que nous avons menés sont une réponse à la commande de l'Institut Paris Région, via la médiathèque Françoise Choay et de l'Agence Régionale de la Biodiversité de l’Île-de-France en vue de la constitution d'un observatoire des friches dans la région. Au début de notre travail, nous ne nous connaissions pas mais au cours de nos explorations, des liens se sont tissés entre nous.

Léa BAUSSERON, 20 ans

Après avoir suivi une classe préparatoire et une licence de Philosophie, c’est son intérêt pour la philosophie pratique et les enjeux écologiques qui ont poussé Léa à s’orienter vers l’urbanisme. Cet atelier a été l’occasion rêvée pour découvrir ce milieu. La réalisation de ce web documentaire l’a amenée à beaucoup travailler sur la dimension imaginaire des friches et sur la manière dont on pouvait les représenter.

Lylia DAHMAN, 23 ans

Architecte, diplômée de l’école d’architecture d’Alger, Lylia est arrivée en France pour se spécialiser en Urbanisme. Spécialisée dans le patrimoine, son intérêt était porté sur les friches industrielles, objet de son projet de fin d’études. Investie dans les thématiques en rapport avec l’écologie et l’environnement, elle s ‘est retrouvée dans la proposition du thème de l’atelier. Ce travail très enrichissant lui a permis d’apprendre une nouvelle manière d’appréhender un terrain, plus créative et centrée sur l’analyse et le diagnostic.

Eléonore DEKEYSER, 21 ans

Diplômée d’une licence de Géographie et Aménagement à la Sorbonne, c’est assez logiquement qu’Eléonore a rejoint l’Ecole d’urbanisme de Paris afin de continuer l’aventure auprès de passionné.es de l’urbain. Ayant pour projet personnel de créer un jeu vidéo qui rendrait accessible de manière ludique les grands choix d’urbanisme et leurs enjeux au 21ème siècle, elle s’intéresse beaucoup à l’apport de la technologie dans l’étude de la ville. Elle a pris part à la conception même du projet de site web et à la réalisation de ses matériaux multimédias par la prise de photos, la mise en valeur des images, le montage du son et des vidéos, le dessin.

Audrey DULON, 23 ans

Après une licence d’urbanisme au Quebec, Audrey a intégré l’Ecole d’Urbanisme de Paris en vue d’approfondir ses connaissances sur « l’urbanisme à la française ». Elle s’intéresse à la fois à la conception et à la planification urbaine. Durant ce travail d’atelier, elle s’est particulièrement concentrée sur les questions de biodiversité au sein des friches, et sur la conception graphique et la production de contenus multimédias pour le site web.

Mayssa NABOULSI, 28 ans

Architecte de formation, et ayant trois ans d'expérience professionnelle, Mayssa a intégré la formation d’urbanisme à l’Ecole d'Urbanisme de Paris, vu son intérêt particulier pour la question de la perception de ‘l’espace vécu’ dans un contexte urbain et environnemental. Au sein de cet atelier, elle a développé une réflexion sur le contexte et l’histoire des dynamiques autour des friches et elle a participé à la conception graphique et la production de contenus multimédias du web documentaire.

Nathan PARTOUCHE, 21 ans

Géographe de formation, Nathan s’est toujours intéressé au fait urbain, d’où son choix de rejoindre l’Ecole d’urbanisme de Paris. Passionné également d’écologie, ce sujet lui a permis de mêler ces deux dimensions. Au sein de ce travail il s’est particulièrement concentré sur la localisation des friches mais également sur la mise en relation avec le personnel de la mairie ou encore la co-écriture des scénarii prospectifs.

Airy PICHON, 23 ans

Airy sort d'une licence de Lettres Modernes et c'est sa passion du skate et de la culture urbaine qui l'a poussé à entreprendre des études d'urbanisme. Au cours de notre travail sur les friches, il s’est particulièrement concentré sur les questions d'appropriation et d'usage (souvent informel).

Antoine POLIAKOV, 22 ans

Ce sont 4 années d’études en Géographies et en études urbaines qui ont mené Antoine sur ce projet passionnant ! Cet atelier a donc été l’occasion pour lui de se former à la photographie et au montage, dans une ambiance de travail superbe. Il espère alors que vous prendrez autant de plaisir à découvrir ce site que nous en avons pris à le construire !

Anthony QUINQUENEL, 21 ans

Bonjour ! C'est après trois années de classe préparatoire en histoire et géographie qu’Anthony a intégré l'Ecole d'Urbanisme de Paris. Pour ce projet, il a notamment eu le plaisir de participer à l’écriture collective des textes de visites, de prêter sa voix pour certaines lectures et de composer quelques morceaux de guitare. Le réel plus de ce travail était la possibilité d'agir comme créateur.

Remerciements

Nous remercions celles et ceux qui nous ont accompagné.es, conseillé.es et qui nous ont fourni les ressources nécessaires pour mener à bien ce travail. Il serait injuste de commencer par d'autres personnes que nos deux enseignantes encadrantes : Lucinda Groueff et Anne Jarrigeon. Nous les remercions donc pour leur présence quasi-quotidienne, leur résilience face aux imprévus, leurs exigences qui ont su nous challenger et leurs précieux encouragements. Nous remercions aussi l'EUP pour le matériel qui nous a été prêté et toutes autres ressources qui ont été mises à notre disposition, même en situation de confinement.

Merci à nos commanditaires, Linda Gallet, Julie Sarris, Lina Hawi et Gwendoline Grandin pour leur commande des plus intéressantes ainsi que leur bienveillance, leurs encouragements et leur expertise qui nous ont confortés dans nos choix.

Merci à Julien Debyser pour avoir donné vie à notre projet et pour avoir fait en sorte d'écouter nos envie en réalisant le site web.

Merci aussi à celles et ceux que nous avons pu rencontrer au cours de notre travail et qui nous ont fourni des informations essentielles à la compréhension de notre sujet d'étude. Nous pensons tout particulièrement à la Mairie des Mureaux et ses différent.es représentant.es : Sébastien Tassin, responsable du service des espaces verts et Karine Julliard, directrice de l’urbanisme, de l’habitat, de l’immobilier et de l’aménagement durable. Nos remerciements vont aussi aux habitant.es que nous avons pu croiser et interroger et les airsofteurs qui nous ont éclairé.es sur leur univers si particulier.

Enfin, un grand merci à la Dacia d'Anthony pour avoir véhiculé la quasi-totalité du groupe de Champs-sur-Marne jusqu'aux Mureaux dans une ambiance musicale des plus appropriées et merci à la Renault Mégane d'Antoine pour avoir permis à la mission spéciale déconfinement d'être menée à bien.

Crédits

École d'Urbanisme de Paris, Master 1, 2020-2021, Atelier diagnostic urbain.
Enseignantes : Lucinda Groueff et Anne Jarrigeon
Commanditaires : L'institut Paris Région, avec Linda Gallet et Julie Sarris de la médiathèque Françoise Choay, Lina Hawi du département aménagement et urbanisme, Gwendoline Grandin de l'Agence Régionale de la Biodiversité.
Réalisation du site : Julien Debyser

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